top of page

Eu

2012

EU « est un autre » couleur  JE

 

Éloignée de Moldova, son pays natal, Doïna VIERU fait vivre sur la toile son espace interne avec ce qu’il contient du lieu premier où elle a ouvert les yeux au monde. Le geste de l’artiste convoque poétiquement la couleur autant que la brillance diurne dans des mouvements vertigineux afin de faire éclore sous notre regard des pousses de l’indicible, de l’insaisissable, de l’imperceptible qui donnent souffle aux images qu’elle signe de son nom.

Les traces mnésiques de son psychisme guident le pinceau de Doïna VIERU pour se nouer à une sensibilité chromatique tendre et osée. Ceci lui permet d’accomplir ses tableaux dans une vision fugace de réhabilitation de l’être par un engendrement spectral de soi à l’aide de l’huile entre les bords du cadre.

Incitée à l’effort de transmission dans un autre langage, elle tient à évoquer énigmatiquement le sujet de la délivrance. L’équivocité signifiante de ce terme ne peut qu’échapper à la parole. La délivrance bouscule la maternité dans son acception esthétique en tant qu’état de grâce, elle réintroduit du désir moins pur via un rappel incontournable de sa connivence avec l’acte de la  (pro)création.

Doïna VIERU tente de traduire son geste pictural en peu de mots qui n’expriment que ce qu’elle peut en dire consciemment. Au niveau de l’intraduisible, ses tableaux, suspendus entre « dire et taire », nous regardent par les pores des sinuosités saisissantes de son désir inconscient. L’artiste structure ainsi son fantasme d’écraser l’angoisse de mort par le maintien d’un mouvement incessant « naître – renaître » dans la densité protéiforme de la couleur de son œuvre de vie. Sa peinture aérienne ne manque pas de vigueur et, je dirais que son trait de pinceau induit une authentique émergence du souffle errant de la matière picturale. Doïna VIERU a le goût indéniable de brasser ensemble le crépuscule des pertes ombrageuses et l’aube des retrouvailles éclatantes pour y décanter sa propre transparence d’artiste et y accueillir notre regard au-delà du visible.  

 

Luminitza CLAUDEPIERRE TIGIRLAS

Psychanalyste –

Docteur en Psychopathologie et Psychanalyse de Paris 7

bottom of page